La Banque mondiale, dans son rapport annuel publié en avril 2022, dresse l’état des lieux d’une situation inédite depuis le choc pétrolier de 1973.
« Les marchés des produits de base subissent l’un des plus grands chocs d’offre depuis des décennies en raison de la guerre en Ukraine », souligne Ayhan Kose, directeur de la division Perspectives de l’organisation financière internationale.
Les tensions déjà à l’œuvre depuis la relance post-crise sanitaire se retrouvent amplifiées par la guerre en Ukraine. Les denrées alimentaires, mais aussi les ressources énergétiques et les matières premières agricoles, subissent une hausse généralisée qui est partie pour durer.
Céréales, huiles végétales, gaz, pétrole, engrais agricoles… Les prévisions de la Banque mondiale sur des prix historiquement élevés s’étendent jusqu’à l’horizon 2024.
Pour Indermit Gill, vice-président de la Banque mondiale, « ces phénomènes ont commencé à faire planer le spectre de la stagflation ».
L’organisation financière internationale évoque plusieurs causes à l’origine de cette situation particulière.
Il devient presque impossible de remplacer des matières premières devenues trop coûteuses par d’autres moins chères puisque la hausse est généralisée. Quand il ne s’agit pas des matières premières, ce sont les salaires, les frais de transport ou de stockage et les taux d’intérêt qui sont revalorisés pour suivre le contexte économique.
Les prix élevés des matières premières entraînent par réaction en chaîne une hausse des coûts de production. C’est le cas pour le secteur agricole par exemple qui fait face à une augmentation de la facture du carburant, mais aussi à une inflation des prix des engrais azotés, fabriqués à partir de gaz naturel. En conséquence, le tarif final des denrées alimentaires suit la tendance.
La Banque mondiale met en garde les gouvernements quant aux mesures de compensation de cette hausse des prix. Le rapport recommande le recours à des dispositifs de protection sociale ciblés plutôt qu’à une diminution des taxes ou une subvention des denrées alimentaires, comme cela a pu être le cas en France. Selon l’institution financière, ces procédés pourraient en effet entraîner une augmentation de la demande en énergie.
Dans son rapport annuel, la Banque mondiale établit des prévisions chiffrées.
John Baffes, économiste senior au sein de la division Perspectives de la Banque mondiale précise que « les marchés des produits de base sont soumis à une pression énorme, certains prix atteignant des niveaux inédits en termes nominaux. »
Ce phénomène pourrait alors engendrer une baisse de la production alimentaire. Ce qui serait néfaste pour les économies en développement notamment.
Même si une légère décrue est prévue pour les années 2023 et 2024, les prix vont demeurer à un niveau très supérieur à la moyenne des 5 années qui ont précédé la crise.