Comme le rappelle Philippe Barbier, Président de la CGI, si les usagers sont de plus en plus attachés à leurs boutiques de quartier depuis la pandémie, les cœurs de ville sont fortement dépendants des professionnels du négoce.
Il souligne que « 80 % de la clientèle professionnelle des grossistes est en effet située en ville, souvent en centre-ville ». Or « il devient plus complexe et difficile d’y accéder dans de bonnes conditions ! Tous les grossistes de France font en effet le même constat : organiser la mobilité des marchandises en ville peut devenir problématique ».
Localisation et disponibilité des aires de livraison, plages horaires limitées, véhicules interdits… Les contraintes sont diverses et les règlementations sont variables d’une agglomération à l’autre. Les grossistes insistent sur la nécessaire cocréation d’une logistique urbaine durable mais réaliste, qui permette une transition écologique dans un calendrier tenable.
C’est d’ailleurs toute l’intention du programme InTerLUD (Innovations Territoriales et Logistique Urbaine Durable) mené conjointement par les grossistes, l’ADEME et le CEREMA.
Les grossistes prennent le pas de la lutte contre le réchauffement climatique. Mais ils soulignent certaines incohérences. Comme l’extension depuis 2015 des zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m) qui interdisent l’accès à certaines catégories de véhicules dans les métropoles et communautés d’agglomération.
Or la mutualisation des livraisons dans un poids lourd n’est pas sans avantages, notamment en termes de congestion des voies, d’émissions de CO2 et de particules. La CGI estime en effet que pour remplacer un camion de 12 tonnes dans sa tournée de livraison il faudrait 20 véhicules légers.
Quant à envisager le renouvellement de la flotte de véhicules des professionnels du négoce : « notre problème, résume Philippe barbier, c’est qu’il n’existe pas sur le marché de camions électriques ou à hydrogène. Il faut attendre que les constructeurs les développent ». Ce qui implique, selon la Confédération, une révision du calendrier imposé.
Plusieurs points essentiels sont soulignés par les professionnels du négoce dans le cadre de la campagne pour le futur quinquennat.
Il s’agit de favoriser le développement des aires urbaines de livraison tout en permettant l’accès aux zones à faibles émissions (ZFE-M), notamment dans les métropoles de plus de 150 000 habitants. La Confédération souhaite également multiplier les échanges avec les acteurs publics par le biais du programme InTerLUD et créer un observatoire national de la logistique.
La CGI demande une simplification du cadre fiscal entourant l’activité des grossistes, notamment la suppression des impôts de production. Mais aussi une stabilité juridique en termes de règlementations relatives aux négociations commerciales.
Conscients de la transition indispensable en matière environnementale, les professionnels du négoce sollicitent toutefois du temps afin de réaliser ces opérations. Le secteur attend en effet les propositions sur le marché des camions électriques ou à hydrogène afin de se doter d’une offre de véhicules propres. Quant aux investissements conséquents que cela implique, les grossistes espèrent un accompagnement financier.
La CGI souhaite également miser sur la formation professionnelle avec notamment la réalisation d’un bilan d’impact au sujet de la contribution unique à la formation. La Confédération insiste aussi sur un rapprochement entre l’offre et la demande, les écoles et les entreprises, ainsi qu’une plus grande communication à l’échelle des régions sur les possibilités d’alternance et les centres de formation d’apprentis (CFA).