Interopérabilité et omnicanalité, des termes qui illustrent bien la complexité qui s’est installée au fil des années pour les acteurs de la chaîne logistique. Les différents flux d’informations qui circulent en interne et en externe sont abondants. Tout le monde n’utilise pas le même langage ni le même codage. Pourtant, il faut tendre vers un même objectif : la satisfaction client. Tout l’intérêt de disposer d’un centre opérationnel de contrôle pour réussir à faire fonctionner ensemble différents process.
Avec le boom du e-commerce, la tension sur les matières premières et la pénurie de composants, les entrepôts doivent s’adapter à des variables toujours plus exigeantes dans des délais de livraison de plus en plus courts. D’où la nécessité d’une organisation agile pour la gestion des flux, des stocks, des fluctuations externes et des livraisons personnalisées.
En parallèle, le développement durable et les exigences de traçabilité nécessitent également de nouveaux usages.
Aurélien Fanget, directeur marketing industry et utilisateurs finaux chez Schneider Electric France, évoque alors « la pertinence d’avoir des chaînes connectées et intelligentes, pour adapter les différents flux (production, approvisionnement, etc.) en fonction des événements extérieurs ». C’est la tendance « smart supply » qui pourrait se développer dans les années à venir.
Un travail sur l’attractivité de la filière est nécessaire afin d’assurer le recrutement d’une main-d’œuvre qualifiée face aux mutations des métiers de la logistique. Ingénieurs, informaticiens, responsables automatisation… Les organisations représentatives, comme France Supply Chain (ex-Aslog), Afilog ou encore France Logistique, travaillent à attirer des profils issus de formations de haut niveau pour maîtriser ce défi d’avenir.
Fabien Esnoult, spécialiste des innovations et des enjeux de transformation dans le secteur de la Supply Chain entrevoit les nouveautés « portées par la RSE […] véhicules autonomes ou platooning pour les camions ». Des transformations qui entrent dans une optique de transport écoresponsable et de décarbonation des livraisons.
C’est notamment la voie dans laquelle s’est engagée Geodis. La filiale logistique de la SNCF dispose déjà de véhicules GNV et électriques. Et elle se prépare à augmenter ses capacités de livraisons avec des véhicules zéro émission.
L’objectif de Geodis est d’assurer les livraisons urbaines des 37 plus grandes métropoles de France en 2023 sans aucune émission de carbone. Elle compte pour cela sur le développement d’un modèle de poids lourd électrique en partenariat avec Renault Trucks et le déploiement d’une centaine d’infrastructures de rechargement. Geodis mise sur des véhicules électriques à batterie ou à hydrogène pour 85 % de sa flotte d’ici à 2035. Les 25 % restants continueront à dépendre du gazole ou des biocarburants.
En août 2021, la loi Climat et Résilience a déterminé parmi les objectifs à atteindre « l’absence de toute artificialisation nette des sols » ou « zéro artificialisation nette » (Zan) d’ici 2050. La filière logistique doit donc s’adapter à une diminution du foncier.
La densification du stockage peut alors être une réponse pour les entreprises. L’automatisation des process et la robotisation assurent une adaptation aux espaces complexes, permettant le fonctionnement sur plusieurs dizaines de mètres de hauteur.
Qu’il s’agisse de e-commerce ou de distribution alimentaire en drive et livraison à domicile, les entrepôts sont amenés à être de plus en plus robotisés et connectés. Mais les liens doivent encore se faire avec les transporteurs qui assurent la logistique du dernier kilomètre.
Comme le souligne Patrick Remords, chez JLL France, « au-delà des infrastructures, il va falloir les applications qui vont avec, et qu’on n’a pas fini d’inventer ».