LES TENSIONS DANS L’INDUSTRIE SE MULTIPLIENT : COVID, UKRAINE, INFLATION…
Les industriels et autres acteurs de la supply chain doivent encore se remettre des conséquences de la crise sanitaire. Et la situation ne semble pas sur le point de s’améliorer avec un retour marqué de l’épidémie de Covid-19 en Chine et l’offensive de la Russie envers l’Ukraine. Des évènements qui mettent à mal les chaînes d’approvisionnement ainsi que les lignes de production et engendrent de fortes tensions dans le secteur de l’industrie.
Des tensions qui se succèdent et s’inscrivent dans la durée
En 2020, lorsque le Covid a fait son apparition, accompagné des confinements successifs aux quatre coins du globe, la production industrielle mondiale s’est retrouvée grandement affectée. La forte reprise économique a ensuite mis sous pression les chaînes logistiques , engendrant également des phénomènes de congestion portuaire impactant le transport maritime.
Alors que les industriels peinent à se remettre des conséquences de la pandémie, la guerre déclarée à l’Ukraine par la Russie ranime les tensions pour les acteurs de la supply chain.
Des répercussions majeures sont à prévoir, auxquelles viennent s’ajouter de nouveaux confinements en Chine. En effet, pour tenter de stopper une nouvelle vague de Covid, les autorités chinoises ont eu de nouveau recours à l’isolement en mars. Parfois par secteur, parfois de manière totale, affectant les activités industrielles et portuaires comme à Shenzhen et Shanghai.
Alors que les dirigeants d’entreprises tablaient sur une inflation et des pénuries temporaires, rien ne semble se calmer et le conflit ukrainien rend les choses imprévisibles.
La hausse fulgurante du prix des énergies
Les prix des énergies avaient entamé une hausse considérable au dernier trimestre 2021. Mais l’offensive de Vladimir Poutine en Ukraine et les sanctions occidentales qui ont suivi de près ont accentué le phénomène.
En janvier déjà, avant le début de l’attaque russe, les cours du gaz flambaient sur les marchés de gros, avec des valeurs quatre à cinq fois plus élevées qu’à la même période en 2021. Le prix de l’électricité, indexé sur celui du gaz, a suivi la tendance.
Les mesures du gouvernement en faveur des industriels et des particuliers devaient se révéler provisoires. Pourtant, les prévisions pour les prochains trimestres ne sont pas à la baisse. Le cours du gaz a quelque peu reculé, mais demeure très haut et les incertitudes persistent sur le devenir du gaz russe en Europe, malgré l’achèvement récent du gazoduc Nord Stream 2.
Les matières premières en ligne de mire
Les récents évènements géopolitiques impactent également le prix des matières premières et les industriels craignent de nouvelles pénuries sur les chaînes d’approvisionnement.
Le prix de la tonne de nickel a triplé en une nuit, mi-mars, en partie sous l’effet des sanctions européennes contre Moscou, couplées à des actions de spéculations. Ce composant qui entre dans la fabrication des batteries n’est pas le seul à être affecté. La Russie détient 40 % de la production mondiale de palladium et fournit 50 % du titane pour l’industrie aéronautique.
De l’approvisionnement d’Airbus et Boeing à la fabrication des semi-conducteurs présents dans la plupart des nouvelles technologies… Les impacts indirects sont conséquents pour l’ensemble du secteur industriel.
L’acier, l’aluminium, les produits pétrochimiques et les matières premières agricoles n’échappent pas non plus à cette hausse.
Inflation généralisée et pression sur les salaires
La hausse du prix des matières premières n’a pas seulement des répercussions sur les lignes de production. La chaîne logistique est également impactée au niveau des transports terrestre, maritime et aérien avec l’envolée des coûts du carburant, du kérosène et du fuel. Les dépenses énergétiques imposent alors des négociations commerciales plus régulières pour les industriels, avec leurs fournisseurs, mais aussi avec leurs clients.
Cette inflation généralisée s’opère en parallèle d’une pression sur les négociations salariales. Bruno Berthet, dirigeant chez l’équipementier aéronautique Rafaut rappelle à juste titre la différence entre une hausse des salaires liée à des gains de productivité et la difficulté face à la demande actuelle en lien avec l’inflation, bien que légitime de la part des salariés.
D’un autre côté, certains métiers d’usinage connaissent déjà une pénurie de main-d’œuvre et la crise en Ukraine fait planer le doute quant aux équipages russes et ukrainiens dans la marine marchande.