LA GUERRE EN UKRAINE ENGENDRE UN CHOC MAJEUR SUR LES MATIÈRES PREMIÈRES
Les produits de base tels que les céréales, les matières premières agricoles telles que les engrais, les métaux, le marché des énergies… la guerre en Ukraine impacte très fortement de nombreux secteurs et amplifie une tendance qui était déjà à la hausse à la suite de la crise sanitaire. La Banque mondiale, dans son rapport du 26 avril 2022, indique qu’il s’agit du plus gros choc sur les ressources de première nécessité depuis les années 70.
LA GUERRE EN UKRAINE ENGENDRE UN CHOC MAJEUR SUR LES MATIÈRES PREMIÈRES
Dans son rapport « Commodity Markets Outlook », la Banque mondiale donne clairement le ton.
« La guerre en Ukraine a provoqué un choc majeur sur les marchés des ressources naturelles et modifié la physionomie des échanges, de la production et de la consommation dans le monde ».
La reprise économique qui a suivi la pandémie a généré des tensions sur les marchés et les chaînes d’approvisionnement, ainsi qu’une hausse généralisée des prix des matières premières. Dans ce contexte déjà très tendu, l’offensive russe, le conflit qui s’installe et les sanctions qui s’y ajoutent intensifient les phénomènes de pénurie et d’inflation liés à la relance.
La Banque mondiale va même jusqu’à comparer la situation actuelle à celle des chocs pétroliers du 20ème siècle. En effet, selon Indermit Gill, vice-président de l’institution financière internationale, « il s’agit du plus grand choc sur les produits de base que nous ayons connu depuis les années 1970 ».
Les ressources énergétiques, notamment, ont subi de fortes augmentations ces deux dernières années. Les cours du pétrole, du gaz et du charbon ont en moyenne été multipliés par 4. Une hausse historique depuis la crise de 1973.
Les conséquences de la guerre sur les denrées alimentaires
Plusieurs facteurs liés au conflit entre l’Ukraine et la Russie impactent directement l’inflation des denrées alimentaires.
Ces deux pays sont de gros producteurs et exportateurs de blé, de maïs et d’huiles végétales. Puis la hausse des énergies influence toutes les productions hors de cette zone puisque les engrais sont dépendants des prix et des approvisionnements en gaz naturel. Ainsi, la Banque mondiale rappelle que « la hausse des matières premières alimentaires et des engrais […] n’a jamais été aussi forte depuis 2008 ».
Cette envolée soudaine a « un coût humain et économique considérable ». L’institution financière met en garde les gouvernements sur les mesures à prendre pour les ménages vulnérables, déjà éprouvés par les conséquences de la crise sanitaire. En effet, le taux d’extrême pauvreté au niveau mondial a augmenté en 2020, une courbe qui s’est inversée pour la première fois depuis 20 ans.
La Banque mondiale estime que les cours du blé vont augmenter de plus de 40 % en 2022. Fort heureusement d’autres denrées ne suivent pas encore cette dynamique. C’est le cas du riz notamment qui bénéficie d’une offre abondante dans des pays comme la Chine ou l’Inde.
Une redirection des ressources énergétiques et un retour des énergies fossiles
Les sanctions, prises contre la Russie par l’Union européenne et les États-Unis, ont redessiné la carte des flux de marchandises et d’énergies. Certains nouveaux circuits commerciaux se révèlent d’ores et déjà plus coûteux. Si les Européens souhaitent se passer du gaz russe, ce n’est pas le cas de tous. L’Inde par exemple a revu ses approvisionnements gaziers à la hausse avec Moscou.
Le rapport précise en effet que « l’ampleur des modifications dépendra de la volonté des autres consommateurs à acheter du pétrole russe ».
La Banque mondiale rappelle également que la recherche de ressources énergétiques alternatives représente un véritable challenge pour l’Europe « car ses raffineries sont conçues et adaptées pour traiter du pétrole russe ».
Dans un contexte de crise environnementale, la guerre en Ukraine risque d’entraîner de profonds retards quant à la transition écologique. Certains pays revoient déjà à la baisse leurs objectifs sur la limitation des énergies fossiles.