LE PROGRAMME DES GROSSISTES AUTOUR D’UNE LOGISTIQUE URBAINE DURABLE
En tant qu’intermédiaires entre distributeurs et détaillants, les grossistes ont un rôle majeur auprès des acteurs de la vie locale. Commerçants, artisans, restaurateurs, collectivités territoriales, pharmacies… Les 150 000 entreprises du commerce de gros réalisent les approvisionnements des établissements de proximité pour les produits alimentaires et non alimentaires. Dans la livraison du dernier kilomètre se posent alors les contraintes de la logistique urbaine. Entre politiques de développement durable et réalités de terrain, la Confédération du Commerce de Gros et International (CGI) appelle les pouvoirs publics à la cocréation d’une logistique urbaine durable et réaliste.
Un lien étroit entre grossistes et commerces de proximité
Comme le rappelle Philippe Barbier, Président de la CGI, si les usagers sont de plus en plus attachés à leurs boutiques de quartier depuis la pandémie, les cœurs de ville sont fortement dépendants des professionnels du négoce.
Il souligne que « 80 % de la clientèle professionnelle des grossistes est en effet située en ville, souvent en centre-ville ». Or « il devient plus complexe et difficile d’y accéder dans de bonnes conditions ! Tous les grossistes de France font en effet le même constat : organiser la mobilité des marchandises en ville peut devenir problématique ».
Localisation et disponibilité des aires de livraison, plages horaires limitées, véhicules interdits… Les contraintes sont diverses et les règlementations sont variables d’une agglomération à l’autre. Les grossistes insistent sur la nécessaire cocréation d’une logistique urbaine durable mais réaliste, qui permette une transition écologique dans un calendrier tenable.
C’est d’ailleurs toute l’intention du programme InTerLUD (Innovations Territoriales et Logistique Urbaine Durable) mené conjointement par les grossistes, l’ADEME et le CEREMA.
Les zones à faibles émissions (ZFE) : une contrainte supplémentaire pour la logistique urbaine
Les grossistes prennent le pas de la lutte contre le réchauffement climatique. Mais ils soulignent certaines incohérences. Comme l’extension depuis 2015 des zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m) qui interdisent l’accès à certaines catégories de véhicules dans les métropoles et communautés d’agglomération.
Or la mutualisation des livraisons dans un poids lourd n’est pas sans avantages, notamment en termes de congestion des voies, d’émissions de CO2 et de particules. La CGI estime en effet que pour remplacer un camion de 12 tonnes dans sa tournée de livraison il faudrait 20 véhicules légers.
Quant à envisager le renouvellement de la flotte de véhicules des professionnels du négoce : « notre problème, résume Philippe barbier, c’est qu’il n’existe pas sur le marché de camions électriques ou à hydrogène. Il faut attendre que les constructeurs les développent ». Ce qui implique, selon la Confédération, une révision du calendrier imposé.
Les grossistes interpellent dans le contexte de la campagne électorale
Plusieurs points essentiels sont soulignés par les professionnels du négoce dans le cadre de la campagne pour le futur quinquennat.
La logistique urbaine
Il s’agit de favoriser le développement des aires urbaines de livraison tout en permettant l’accès aux zones à faibles émissions (ZFE-M), notamment dans les métropoles de plus de 150 000 habitants. La Confédération souhaite également multiplier les échanges avec les acteurs publics par le biais du programme InTerLUD et créer un observatoire national de la logistique.
La simplification fiscale et juridique
La CGI demande une simplification du cadre fiscal entourant l’activité des grossistes, notamment la suppression des impôts de production. Mais aussi une stabilité juridique en termes de règlementations relatives aux négociations commerciales.
Les enjeux environnementaux
Conscients de la transition indispensable en matière environnementale, les professionnels du négoce sollicitent toutefois du temps afin de réaliser ces opérations. Le secteur attend en effet les propositions sur le marché des camions électriques ou à hydrogène afin de se doter d’une offre de véhicules propres. Quant aux investissements conséquents que cela implique, les grossistes espèrent un accompagnement financier.