LA CONGESTION PORTUAIRE IMPACTE TOUJOURS LE TRANSPORT MARITIME MONDIAL
La situation d’encombrement du trafic portuaire mondial ne montre pas de signes d’amélioration depuis l’automne 2020. Face à l’affluence des navires, l’engorgement des ports continue de créer des embouteillages. Ces périodes d’attente pour les grands transporteurs qui ne peuvent charger ou décharger leur cargaison à temps se répercutent sur les autres maillons de la chaîne d’approvisionnement. Les délais s’allongent en bout de course et la hausse des tarifs du transport de fret par voie maritime n’est pas sans conséquence.
L’année 2022 encore marquée par les problèmes de congestion portuaire au niveau mondial
Après la mise en arrêt liée à l’arrivée de la pandémie, la dynamique de reprise économique mondiale a généré des bouchons qui ont touché la plupart des secteurs du transport. La manutention portuaire et le fret maritime n’ont pas échappé à ce phénomène.
Les difficultés n’ont pas concerné uniquement les zones asiatiques, vers lesquelles ont afflué de nombreux porte-conteneurs vides en provenance d’Amérique et d’Europe. En effet depuis l’automne 2020, la congestion des ports s’est particulièrement ressentie aux États-Unis où l’immobilisation des navires ne semble toujours pas en voie de se résoudre.
Selon le responsable du logisticien mondial Kuehne + Nagel « l’Amérique du Nord représente 80 % du problème, qui a lui-même empiré en doublant depuis un an ».
Les navires jettent l’ancre au large de la Californie et certains attendent ainsi pendant trois ou quatre semaines avant de pouvoir décharger. Une situation inédite dans le transport de marchandises.
Selon le quotidien Les Echos, en janvier 2022, environ 90 navires étaient en attente au large de la Californie, contre 67 aux abords de Shanghai ou Ningbo, et 14 dans la zone entre Anvers et Rotterdam. Le déséquilibre entre les capacités opérationnelles des ports et l’afflux des porte-conteneurs retarde les déchargements et par réaction en chaîne tous les délais sont allongés jusqu’à la livraison finale.
Les chaînes logistiques mondiales, tous secteurs confondus, sont impactées et en dernier lieu les consommateurs. Le président Joe Biden a pourtant demandé en octobre 2021 aux terminaux américains de mettre les bouchées doubles en maintenant une rotation 24 heures sur 24. Mais cette mesure s’est confrontée à la réalité des pénuries de conducteurs d’engins et de manutentionnaires.
Les vagues épidémiques ont également joué un rôle dans les fermetures d’usines et de terminaux du côté chinois, notamment en ce qui concerne le port de Ningbo-Zhoushan.
Toutefois, certains ports comme ceux du Havre et de Dunkerque ont su tirer profit des embouteillages mondiaux et ont repris des parts de marché de leurs concurrents de Rotterdam et Anvers.
Un retard qui se double d’une flambée des prix du transport
Avant cette période tendue, l’acheminement d’un conteneur de 40 pieds entre la Chine et l’Europe était estimé à 20 000 dollars, contre 15 000 dollars fin 2021.
En effet, le SFCI, l’indice de mesure des tarifs spot de transport de conteneurs a bondi depuis quelques années, passant de 1 000 points en 2019 à 5 000 points fin 2021. De la même manière, le CCFI qui sert d’indicateur pour les contrats avec les armateurs a triplé en une année seulement. Et le temps d’attente dans les ports impose des majorations tarifaires aux affréteurs.
Cette dynamique d’hyperinflation n’est pas sans répercussion sur les prix de vente. Malgré l’ajout de navires du côté des armateurs, le temps de rotation pour un voyage aller-retour reste plus long d’au moins 20 %, avec des prix multipliés par 5 voire 10 selon les routes maritimes.
Cet engorgement du trafic portuaire ne montrait pas de signes d’accalmie au début de l’année 2022. Et le secteur de la logistique maritime doit désormais composer avec les problématiques supplémentaires liées au conflit Ukraine-Russie. Des navires se retrouvent bloqués dans cette zone. Et les armateurs font part de leurs inquiétudes par rapport aux effectifs dans la marine marchande mondiale qui sont composés à 15 % de marins russes et ukrainiens.