LES NOUVEAUX DÉFIS DE LA FILIÈRE LOGISTIQUE
Les acteurs de la supply chain sont soumis depuis plusieurs années à de nombreuses pressions. Crise sanitaire mondiale, pénuries, congestion portuaire, actualités géopolitiques, hausse des prix des énergies… Mais avant même ces évènements, des mutations étaient déjà à l’œuvre au niveau technologique et environnemental, notamment sur les questions de digitalisation et de transition écologique. Alors que la STIL (Semaine de l’innovation, du transport et de la logistique) s’est déroulée du 5 au 8 avril 2022, revenons sur les nouveaux défis et les enjeux clés de la filière logistique.
Un pilotage de plus en plus complexe
Interopérabilité et omnicanalité, des termes qui illustrent bien la complexité qui s’est installée au fil des années pour les acteurs de la chaîne logistique. Les différents flux d’informations qui circulent en interne et en externe sont abondants. Tout le monde n’utilise pas le même langage ni le même codage. Pourtant, il faut tendre vers un même objectif : la satisfaction client. Tout l’intérêt de disposer d’un centre opérationnel de contrôle pour réussir à faire fonctionner ensemble différents process.
Avec le boom du e-commerce, la tension sur les matières premières et la pénurie de composants, les entrepôts doivent s’adapter à des variables toujours plus exigeantes dans des délais de livraison de plus en plus courts. D’où la nécessité d’une organisation agile pour la gestion des flux, des stocks, des fluctuations externes et des livraisons personnalisées.
En parallèle, le développement durable et les exigences de traçabilité nécessitent également de nouveaux usages.
Aurélien Fanget, directeur marketing industry et utilisateurs finaux chez Schneider Electric France, évoque alors « la pertinence d’avoir des chaînes connectées et intelligentes, pour adapter les différents flux (production, approvisionnement, etc.) en fonction des événements extérieurs ». C’est la tendance « smart supply » qui pourrait se développer dans les années à venir.
Un travail sur l’attractivité de la filière est nécessaire afin d’assurer le recrutement d’une main-d’œuvre qualifiée face aux mutations des métiers de la logistique. Ingénieurs, informaticiens, responsables automatisation… Les organisations représentatives, comme France Supply Chain (ex-Aslog), Afilog ou encore France Logistique, travaillent à attirer des profils issus de formations de haut niveau pour maîtriser ce défi d’avenir.
Des transports écoresponsables et une décarbonation des livraisons
Fabien Esnoult, spécialiste des innovations et des enjeux de transformation dans le secteur de la Supply Chain entrevoit les nouveautés « portées par la RSE […] véhicules autonomes ou platooning pour les camions ». Des transformations qui entrent dans une optique de transport écoresponsable et de décarbonation des livraisons.
C’est notamment la voie dans laquelle s’est engagée Geodis. La filiale logistique de la SNCF dispose déjà de véhicules GNV et électriques. Et elle se prépare à augmenter ses capacités de livraisons avec des véhicules zéro émission.
L’objectif de Geodis est d’assurer les livraisons urbaines des 37 plus grandes métropoles de France en 2023 sans aucune émission de carbone. Elle compte pour cela sur le développement d’un modèle de poids lourd électrique en partenariat avec Renault Trucks et le déploiement d’une centaine d’infrastructures de rechargement. Geodis mise sur des véhicules électriques à batterie ou à hydrogène pour 85 % de sa flotte d’ici à 2035. Les 25 % restants continueront à dépendre du gazole ou des biocarburants.
Une optimisation des entrepôts
En août 2021, la loi Climat et Résilience a déterminé parmi les objectifs à atteindre « l’absence de toute artificialisation nette des sols » ou « zéro artificialisation nette » (Zan) d’ici 2050. La filière logistique doit donc s’adapter à une diminution du foncier.
La densification du stockage peut alors être une réponse pour les entreprises. L’automatisation des process et la robotisation assurent une adaptation aux espaces complexes, permettant le fonctionnement sur plusieurs dizaines de mètres de hauteur.
Qu’il s’agisse de e-commerce ou de distribution alimentaire en drive et livraison à domicile, les entrepôts sont amenés à être de plus en plus robotisés et connectés. Mais les liens doivent encore se faire avec les transporteurs qui assurent la logistique du dernier kilomètre.
La Chaîne Logistique du Froid explique que « le temps de rétention trop long des palettes par certains acteurs pénalise l’équilibre de la filière dans un contexte de raréfaction de la palette ».